Les enjeux des prix de transfert
Par
Me Fabrice Michel
25 nov. 2025
•
6 min de lecture
Introduction
Dans un contexte de mondialisation croissante, de nombreuses entreprises opèrent à travers plusieurs juridictions. Les transactions internes entre sociétés d’un même groupe, situées dans différents pays, soulèvent des problématiques complexes en matière de fiscalité. Les prix de transfert, c’est-à-dire les prix auxquels ces transactions sont réalisées, sont au cœur des préoccupations des administrations fiscales du monde entier. Afin de limiter les risques fiscaux et de se conformer aux exigences réglementaires, il est indispensable pour les groupes internationaux de constituer une documentation solide sur leurs politiques de prix de transfert.
Qu’est-ce que les prix de transfert ?
Les prix de transfert désignent les prix pratiqués pour les transactions commerciales (biens, services, financements, etc.) entre sociétés apparentées d’un même groupe, mais établies dans des pays différents. Ces prix ont une incidence directe sur la répartition des bénéfices entre les entités du groupe et, par conséquent, sur le montant des impôts payés dans chaque pays.
Les enjeux fiscaux et juridiques
Le principal enjeu des prix de transfert réside dans la prévention de la manipulation des résultats fiscaux. En fixant des prix artificiels pour leurs transactions internes, certaines entreprises pourraient chercher à transférer des bénéfices vers des pays où la fiscalité est plus avantageuse. Pour contrer ces pratiques, les autorités fiscales imposent le principe de pleine concurrence : les prix de transfert doivent refléter les conditions qui auraient prévalu entre des entreprises indépendantes.
Le non-respect des règles de prix de transfert expose les groupes internationaux à des risques importants :
· Redressements fiscaux et paiements d’arriérés d’impôts ;
· Pénalités financières et intérêts de retard ;
· Litiges longs et coûteux avec les administrations fiscales ;
· Atteinte à la réputation et à la confiance des partenaires commerciaux.
La nécessité de documenter les prix de transfert
Face à la complexité des flux intra-groupes et à la diversité des législations nationales, la documentation des prix de transfert s’impose comme une obligation incontournable. Celle-ci permet :
· De justifier la politique de prix de transfert adoptée ;
· De démontrer le respect du principe de pleine concurrence ;
· De faciliter le dialogue avec les autorités fiscales en cas de contrôle ;
· De réduire les risques de redressement et de sanctions.
La documentation doit généralement inclure :
· Une analyse fonctionnelle des sociétés impliquées ;
· La description des transactions et des méthodes de détermination des prix ;
· Des études de comparabilité ;
· Des informations financières et contractuelles pertinentes.
Les standards internationaux et obligations locales
L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a publié des lignes directrices reconnues mondialement, notamment dans le cadre du projet BEPS (Base Erosion and Profit Shifting), qui visent à harmoniser les exigences en matière de documentation. Toutefois, chaque pays peut imposer des obligations spécifiques quant au contenu, à la forme et à la périodicité de la documentation à fournir.
Conclusion : anticiper et sécuriser sa politique de prix de transfert
Pour les groupes opérant dans plusieurs pays, la gestion des prix de transfert est un enjeu stratégique. La réalisation d’une documentation rigoureuse et adaptée est non seulement une obligation réglementaire, mais aussi un outil de sécurisation fiscale et de transparence. Investir dans une démarche proactive permet de limiter les risques, de renforcer la crédibilité du groupe et de garantir sa conformité aux standards internationaux.

Me Fabrice Michel
Avocat Fiscaliste



